Mettre de la glace en cas de blessure est devenu une habitude bien ancrée dans nos réflexes pour calmer la douleur, cicatriser la blessure ou encore faire dégonfler l’articulation. Vous l’avez sûrement déjà fait parce que vous pensez bien faire, probablement conseillé par un professionnel de santé. Mais voyons ensemble si l’application de la glace est vraiment utile en cas de blessure

A l’origine, mettre de la glace en cas de blessure est devenu courant grâce à un ouvrage à succès écrit par le Dr Gabe Mirkin, médecin du sport, à la fin des années 70. 

faut il mettre de la glace en cas de blessure<br />
livre Dr Gabe Mirkin

Dans ce livre, le Dr Mirkin propose un protocole de gestion des blessures aiguës des muscles, tendons, ligaments et autres tissus mous. Ce protocole, basé sur les connaissances scientifiques de l’époque, est connu sous l’acronyme R.I.C.E. soit : 

  • R pour Repos 
  • I pour Glace (Ice en anglais) 
  • C pour Compression 
  • E pour Élévation
protocole RICE

En ce qui concerne la glace, le Dr Mirkin recommande de mettre de la glace tout de suite après la blessure pour diminuer l’œdème et la douleur. Et avec le succès de son ouvrage, ces recommandations vont logiquement s’ancrer dans les protocoles post-blessure

Pourtant en 2014, le Dr Mirkin déclare dans une revue scientifique : « Les coachs utilisent ma ligne directrice « RICE » depuis des décennies, mais il apparaît aujourd’hui que la glace et le repos complet peuvent retarder la guérison au lieu de l’aider. » Mais comment a-t-il pu changer son discours ?

Le processus de guérison retardé par la glace ? 

A la suite des travaux du Dr Mirkin, on a longtemps pensé que le glaçage d’une blessure empêche l’œdème et l’inflammation, ce qui permet une récupération plus rapide. Et c’est là que le problème se pose. Il est important de comprendre que l’inflammation se produit pour une raison. 

faut-il mettre de la glace en cas de blessure

Par exemple, lorsque vous êtes malade, votre corps augmente sa température interne afin d’aider à tuer les agents pathogènes. De même, lorsque vous êtes blessé, l’inflammation sert à initier la réparation et le remodelage des tissus. Lorsqu’une blessure survient, les vaisseaux sanguins locaux se dilatent afin de permettre aux cellules aidant à la guérison de se déplacer librement dans la zone blessée. Certaines de ces cellules, connues sous le nom de macrophages, libèrent une hormone appelée facteur de croissance, qui fait partie intégrante du processus de guérison.

Une étude publiée en 2014 a révélé que le glaçage des tissus blessés diminue l’approvisionnement en sang qui amène les cellules nécessaires à la guérison dans la région, et diminue ainsi la concentration de ce facteur de croissance. De plus, pour ne rien arranger, il a été démontré non seulement que les vaisseaux sanguins restent fermés pendant de nombreuses heures après l’application de la glace mais que la régénération musculaire est altérée.

La glace à bannir, vraiment ? 

Le Dr. Mirkin a donc reconnu en 2014 avoir changé son point de vue. En tant que scientifique, le docteur s’est fié aux nouvelles preuves accumulées depuis la parution de son protocole devenu célèbre. Il recommande donc maintenant de ne plus mettre de la glace en cas de blessure, sauf si la douleur est trop importante. Si c’est le cas, il suggère de n’appliquer que deux ou trois compresses de glace pendant 15 à 20 minutes espacées d’au moins une heure. Toujours selon le Dr Mirkin, à la lumière des dernières recherches, il n’y a aucune raison d’appliquer de la glace plus de six heures après vous être blessé.  

Les autres facteurs qui retardent la guérison

Vous l’avez compris, d’une manière générale, ce qui réduit l’inflammation sur une blessure retarde également la guérison. Tout ce qui réduit votre réponse immunitaire retardera également la cicatrisation musculaire. Ainsi, selon les dernières recherches scientifiques, la guérison est retardée par : 

  • la prise de médicaments de type cortisone
  • de nombreux médicaments analgésiques, tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène, 
  • les immunosuppresseurs qui sont souvent utilisés pour traiter l’arthrite, le cancer ou le psoriasis, 
  • l’application de froid ou de la glace, et toute autre chose qui bloque la réponse immunitaire aux blessures. 
les anti-inflammatoires retardent la guérison

Que devez-vous faire en cas de blessure ? 

Voici ce qui est conseillé aujourd’hui en cas de blessure : 

  •  Dans un premier temps, protégez la zone en arrêtant immédiatement vos activités physiques et diminuez la charge appliquée sur la blessure. Si votre douleur est sévère ou si vous présentez d’autres symptômes inquiétants comme une incapacité à mettre du poids sur votre jambe ou que vous soupçonnez une fracture ou une autre blessure sévère, rendez-vous immédiatement à l’hôpital.  
  •  Si possible, élevez le membre blessé plus haut que le niveau du cœur pour utiliser la gravité afin de minimiser l’œdème. Pour une cheville, vous pouvez vous coucher sur le dos et placer le pied sur une chaise par exemple. 
sur élévation de la jambe
  • Évitez la prise d’anti-inflammatoires comme l’Ibuprofène, le Voltarène et le Naproxène car ils ralentissent la vitesse de guérison tissulaire. L’application de la glace doit aussi être évitée
  • Si possible, utilisez un bandage compressif sur la blessure. 
bandage compressif
  •  Évitez le repos prolongé de l’articulation qui pourrait provoquer l’ankylose (perte de mobilité) ou l’atrophie musculaire (perte de masse musculaire et de force). Il faudra mettre en charge progressivement avec une reprise graduelle des activités habituelles pour favoriser la guérison. Il vous faut toutefois ne pas intensifier la douleur ou le gonflement de la zone. 
  • Dès le troisième jour, vous pouvez reprendre une activité cardiovasculaire ce qui facilitera la vascularisation de la zone atteinte. L’activité cardio doit se faire avec un maximum de 2 fois par jour sur une durée de 20 minutes pour que cela soit suffisant.  
  • Il vous faudra dès que possible en fonction de l’évolution du processus de guérison mettre en place des exercices de souplesse pour gagner de l’amplitude articulaire, de renforcement pour gagner de la force musculaire et d’équilibre pour améliorer votre perception de l’articulation dans l’espace. Tout ceci pour vous assurer un retour à la normale.

Et si vous voulez voir un exemple de routine de remise en mouvement de la cheville après une blessure, n’hésitez pas à aller voir l’article où je vous propose de pratiquer une série d’exercices progressifs. 

L’article en vidéo👇🏻

Liens utiles

DUBOIS et coll, British Journal of Sports Medicine, (2019)  

RAFFIS, Marco. LA GLACE ET LES ANTI-INFLAMMATOIRES, UTILES OU NUISIBLES À LA GUÉRISON? Physio Extra, 2019

Bleakley CM1, Costello JT, Glasgow PD. Should athletes return to sport after applying ice? A systematic review of the effect of local cooling on functional performance. Sports Med. 2012 Jan 1;42(1):69-87

Le Dr Mirkin revient sur l’application de la glace en 2014 

https://www.drmirkin.com/fitness/why-ice-delays-recovery.html 

Etude de la glace sur les rats  

https://pubmed.ncbi.nl m.nih.gov/21164157/ 

Dr. Bahram Jam, PT
http://www.aptei.ca/wp-content/uploads/ICE-Paper-2014.pdf 

Bertrand Huteau

Je suis Bertrand Huteau, ostéopathe à La Baule, praticien depuis 2007 et formateur santé et bien-être en entreprise depuis plus de 10 ans, je me suis spécialisé dans le conseil et la prévention santé en entreprise.

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